Communiqué de presse du CPJPO
Il y a à peine deux mois, le Comité pour une Paix Juste au Proche-Orient (CPJPO), avait déjà publié un communiqué de presse épinglant le fait que l’armée d’occupation israélienne prenait les enfants comme cible de sa stratégie de terreur. Ce lundi 12 décembre, vers 8 heures du matin, les forces d’occupation israéliennes ont encore fait une incursion très violente dans le camp de réfugiés de Jénine. Ce camp nous tient particulièrement à cœur, car depuis 2011 le CPJPO et l’association de femmes «Not To Forget – NTF» y ont lancé un projet coopératif de « Soutien psychosocial d’enfants vivant en situation de conflit armé ».
Or voilà qu’à l’occasion de cette incursion militaire il y a eu des tirs et des explosions tout près du centre NTF. Le triste bilan se résume encore une fois à trois Palestiniens blessés, dont deux jeunes dans une situation critique.
Les violences croissantes au sein du camp de Jénine, tout comme à Naplouse et dans d’autres villes de la Cisjordanie, sont en relation directe avec
– la multiplication des incursions israéliennes ;
– la poursuite d’une occupation vieille de 55 ans ;
– l’augmentation de la violence des colons.
à côté des dégâts matériels causés au Centre de Not to Forget nous tenons à souligner tout particulièrement les dégâts psychologiques frappant la population du camp et surtout les enfants. L’équipe de Not to Forget en est bien consciente, la fin de leur message qu’il nous ont envoyé en témoigne :« La douleur s’accroit tous les jours, chaque jour nous perdons des enfants. Nous sommes en train de réparer les dégâts matériels … et nous continuerons également à essayer de réparer les dégâts émotionnels subis par nos enfants ».
Rappelons dans ce contexte que la coordinatrice de notre projet NTF en personne a reçu il y a quelques semaines des impacts de balles sur sa voiture et sur sa maison, mettant en danger la vie de sa fille.
La veille du 12 décembre, également à Jénine, les soldats israéliens ont tué la jeune Jana Majdi, 15 ans, sur le toit de sa maison quand, à la suite de tirs violents, elle avait tenté de ramener son chaton en lieu sûr. N’oublions pas non plus que le 11 mai de cette année, au même endroit, la célèbre journaliste Shireen Abu Akleh avait été tuée par des tirs de l’armée israélienne. Crime, qui a bénéficié à ce jour d’une impunité totale. Depuis le début de l’année 2022, selon la rapporteure spéciale de l’ONU ce sont 215 Palestiniens, dont 52 enfants, qui ont été tués, sans compter les centaines d’autres blessés par des tirs de l’armée israélienne.
Le CPJPO relève que le Parlement de l’Union européenne dans une résolution en préparation condamne explicitement les nombreuses démolitions d’infrastructures financées par l’argent européen et appelle les États à demander compensation à Israël.
Le CPJPO appelle également le gouvernement luxembourgeois à condamner comme crimes de guerre les incursions, souvent sanglantes, de l’armée israélienne en territoire palestinien et à Jénine en particulier, et cela même si certaines incursions peuvent être en lien avec des actes de violence commis par des Palestiniens. Les unes et les autres violences sont toujours à contextualiser dans le cadre d’une occupation, de plus en plus dure et violente, qui, elle-même, vu sa durée et sa force, constitue un crime de guerre.
Le Conseil d’administration du CPJPO
Le 17 décembre 2022