Communiqué de presse

Le Luxembourg, prêt à reconnaitre l’Etat de Palestine ? Oui, mais …

Le 17 janvier, la presse allemande, puis luxembourgeoise, reprenant les propos du ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, cités dans le Süddeutschen Zeitung annonçaient en grand titre: « Asselborn: Palästina als Staat anerkennen », « Asselborn für Anerkennung eines Palästinenserstaates », « Luxemburg würde Palästina anerkennen », « Asselborn wirbt fürAnerkennung Palästinas durch die EU », etc. 

Des propos qui ne peuvent que réjouir le mouvement de solidarité avec les Palestiniens au Luxembourg et en Europe. Le Luxembourg emprunterait le chemin ouvert par la Suède en octobre 2014. Rares sont les responsables politiques à exprimer publiquement et avec une telle constance comme Jean Asselborn leur refus de l’occupation et de la colonisation israéliennes et leur soutien au droit des Palestiniens à vivre en paix dans leur propre Etat. 

Ne nous réjouissons pas trop vite ; le diable est dans les détails et le détail n’est ici pas anodin du tout. “Wenn Frankreich mit der Anerkennung Palästinas vorangehen würde, würden weitere Staatenfolgen, auch Luxemburg”, a précisé le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères. 

Le Grand-Duché du Luxembourg est-il un pays sous tutelle de son grand voisin du sud ? Sommes-nous une région qui gère ses affaires internes mais n’a pas d’autonomie en affaires extérieures ? 

En décembre 2014, notre Chambre des députés a adopté une motion invitant le gouvernement du Luxembourg à reconnaître formellement l’Etat de Palestine dans les frontières de 1967 « au moment qui sera jugé le plus opportun ». 

Après la décision choc contraire au droit international de D.Trump de reconnaitre Jérusalem comme capitale d’Israël, le moment ne peut être davantage opportun, une telle reconnaissance s’avérant une mesure indispensable et minimale de préservation des droits du peuple palestinien. 

Le respect de la motion votée par nos députés dépendrait cependant du bon vouloir du Président français ? Autant remettre la reconnaissance luxembourgeoise de l’Etat de Palestine aux calendes grecques lorsque l’on connait la position de M. Macron, qui confond allégrement antisémitisme et antisionisme.  

Pourtant aucun observateur de la scène politique luxembourgeoise ne doute de la sincérité de notre ministre. La belle entente qui règne au sein de l’équipe gouvernementale connaitrait-elle des failles sur certains sujets « qui fâchent » ? Le capitaine de l’équipe, emballé par la « start-up nation » israélienne (souvenons-nous des propos que le Premier ministre X.Bettel avait tenus en Israël en septembre 2016. Voir notre communiqué de l’époque.), rechignerait-il à poser un acte qui déplairait fortement au gouvernement israélien et à ses supporters au Luxembourg ? 

Lundi prochain 22 janvier, le Président Abbas rencontrera à Bruxelles les 28 ministres des Affaires étrangères de l’UE. Certains Etats européens, et pas les plus puissants, auront peut-être la dignité de prendre enfin position pour le plus faible contre son oppresseur.