Communiqué de presse

Le Luxembourg a adopté la définition de l’antisémitisme de l’IHRA SANS les exemples

Luxembourg, le 01 août 2021

Le député Fernand Kartheiser, ADR, très à droite et soutien inconditionnel à la politique d’Israël, avait adressé le 26 avril 2021 une question parlementaire au gouvernement pour savoir si le Luxembourg avait adopté la définition de l’antisémitisme promulguée par l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance) avec ses exemples. Dans sa réponse, le Premier Ministre et Ministre d’État Xavier Bettel clarifie que la définition a été adoptée SANS les exemples.[1]

La réponse du gouvernement du 26 mai 2021: « D’Regierung huet d’Antisemitismusdefinitioun vun der IHRA ounid’Beispiller ugeholl. Am Kader vun den débats parlementaires iwwert d’Motioun vun den Hären Deputéierten Laurent Mosar a Mars Di Bartolomeo huet den Här Deputéierten Di Bartolomeo kloer gesot: “Mir hu bewosst op iergendwellech Beispiller verzicht, well mer dobäi riskéiert hätten, Wichteges ze vergiessen. A mir hunn opgepasst, dass ‚Antisemitismus‘ a ‚Kritik un der Politik an den Aktioune vun Israël als Staat‘ net an een Dëppe gehait ginn.” D’Decisioun vun der Regierung respektéiert déi Motioun, déi och vun lech matgestëmmt gouf. »

Réponse traduite en français : «Le gouvernement a adopté la définition de l’antisémitisme de l’IHRA sans les exemples. Dans le cadre des débats parlementaires sur la motion de Messieurs les Députés Laurent Mosar et Mars Di Bartolomeo, M Di Bartolomeo avait déjà clarifié le texte de la motion comme suit : “Nous avons consciemment renoncé à tout exemple, parce que nous aurions risqué d’oublier des choses importantes. Et nous avons fait attention à ce que ’antisémitisme’ et ‘politique et actions d’Israël en tant qu’État’ ne puissent être amalgamés”. La décision du gouvernement respecte cette motion, qui a également été votée par vous [i.e. M. Kartheiser]. »

La définition de l’antisémitisme promulguée par l’IHRA est en butte depuis longtemps à de nombreuses critiques de la part de juristes éminents, d’organisations des Droits Humains et même d’organisations juives. Pour eux, il s’agit d’une opération visant à protéger l’État d’Israël et pour faire taire les critiques à son égard. Déjà en mai 2019, le CPJPO avait alerté les représentants à la Chambre des Députés sur les risques de cet « outil de propagande et d’intimidation » que constitue la définition et surtout les 11 exemples annexés, dont sept se rapportent justement à l’État d’Israël. [2]

A travers sa réponse, le gouvernement luxembourgeois rejoint donc sur ce point les critiques de la définition de l’IHRA qui lui reprochent d’amalgamer critique d’Israël et antisémitisme.[3]

Le Conseil d’administration du CPJPO


[1] En date du 26 mai 2021, la Réponse du Premier Ministre et Ministre d’État à la question parlementaire du député Kartheiser : https://paixjuste.lu/wp-content/uploads/2021/08/210526_QP-Kartheiser-definition-IHRA-et-reponse.pdf

[2]  La lettre du CPJPO aux députés de mai 2019 : https://paixjuste.lu/wp-content/uploads/2019/03/Les-dangers-de-la-d%C3%A9finition-de-l%E2%80%99antis%C3%A9mitisme-de-l%E2%80%99IHRA-.pdf

[3] L’IHRA et sa définition de l’antisémitisme, une analyse critique, par Hubert Hausemer, 5 juin 2021 : https://paixjuste.lu/lihra-et-sa-definition-de-lantisemitisme/