Depuis le début de l’année, dans la seule Cisjordanie, 22 enfants palestiniens ont été tués par l’armée israélienne (chiffre communiqué par Defense for Children International). S’y ajoutent les nombreuses victimes de l’attaque sanglante contre Gaza au cours de cet été, autour de laquelle les investigations ne sont pas encore terminées. A Gaza, plus de 90% des enfants et adolescents souffrent de troubles liés au traumatismes causés par la violence de l’occupation. Pourquoi les enfants et adolescents ? Si on veut détruire une société, on casse et détruit les enfants.

Depuis 2011, avec l’aide d’une association locale de femmes, le CPJPO soutient dans le camp de Jénine le projet Not to Forget (NTF), un projet d’aide psychosociale aux enfants vivant en situation de conflit armé. Nos partenaires sur place nous alertent régulièrement des raids répétés des forces d’occupation israéliennes, raids le plus souvent nocturnes pendant lesquels des domiciles sont envahis, des jeunes embarqués par des soldats masqués et armés jusqu’aux dents. Depuis l’assassinat délibéré, à l’entrée du camp, de la journaliste connue Shireen Abu Akleh, resté sans aucune sanction jusqu´aujourd´hui, ces incursions se font de plus en plus violentes.

Ainsi Mostahm, lacoordinatrice du projet NTF, nous a témoigné comment dans la nuit du 29 au 30 septembre vers 1h30 du matin, l’armée israélienne a attaqué sa maison qui se trouve à quelques centaines de mètres du camp. Il y a eu plusieurs impacts de balles sur sa voiture. Mais le plus grave est que des balles ont été tirées vers la maison : sa fille qui était allongée sur un canapé sous la fenêtre a entendu les balles passer au-dessus de sa tête et en reste complètement traumatisée.

La veille, l’armée israélienne avait déjà fait une incursion dans le camp avec 60 véhicules militaires et des dizaines de soldats et de snipers. Résultat de l’opération : quatre Palestiniens tués et une dizaine de blessés graves. Quelques jours auparavant, les soldats avaient enlevé le directeur du Théâtre de la Liberté du camp de Jénine pour le faire condamner à trois mois de détention « administrative », sans la moindre inculpation.

L’UE condamne et sanctionne la Russie pour non-respect des frontières internationalement reconnues, envoyant quantité d’armes à l’Etat occupé. Pourquoi alors reste-t-elle sans réaction, à part de quelques paroles vides, lorsqu’il s’agit d’enfants palestiniens terrorisés, tués ou emprisonnés, et face aux crimes et humiliations dont est victime un peuple entier ? Pourquoi s’apprête-t-elle à « reprendre le dialogue » avec Israël en vue de relancer l’accord de coopération euro-méditerranéen, pourtant gelé depuis plus de 10 ans ? Est-ce bien le moment ? Face aux crimes de guerre, l´UE doit enfin cesser d´être complice.

Comité pour une Paix Juste au Proche-Orient